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28/08 Vesqui le suicide

Pour faire contradiction à mon tout nouveau pavé de désespoir publié ce soir, j’aimerais écrire ces quelques lignes en guise de tutoriel sur comment survivre et être heureux en ces terres hostiles.

Cela fait des années maintenant que je me nourris d’interviews Thinkerview, de musiques de Noir Désir, d’Alpha Wann, de tweets de vulgarisateurs comme Anice Lajnef, de TedX plus ou moins pertinents. Des années qu’ils ont flairé la merde à nos portes. Que comme moi, et bien mieux que moi, ils décrivent et décrient les rouages de la machine. Des années que le désespoir grandit et que pourtant j’ai dû m’adapter pour continuer à cultiver mon jardin.

J’ai pu développer des astuces pour tirer mon épingle du jeu et je pense en toute modestie que l’expérience acquise à écouter et lire tout ces gens en amont m’a permit de passer la phase de dépression que beaucoup d’entre nous vont traverser s’il n’ont pas pu s’y préparer.

Je pense que l’essentiel pour être heureux est d’arrêter de céder au paraître. C’est impossible d’être constamment entièrement honnête et soi-même; mais la machine essaye (et parvient) bien trop à nous conformer et il faut absolument lutter contre ça. Il ne faut pas avoir honte de nos richesses individuelles et oser les exprimer.

Je crois que mon plus grand moyen d’être heureux désormais c’est de fuir les idées communes et renouer un peu avec les valeurs anciennes. Oser la contradiction et affirmer auprès de tout le monde être spécial, puisqu’on l’est tous.

A en croire les réseaux d’influence actuels (Instagram, Netflix, TikTok, Konbini etc) il faut absolument rentrer dans du S, médiatiser sa vie à fond, avoir des dizaines de partenaires sexuels, tolérer tout et tout le monde, vivre en ville et voyager pour être heureux.

J’ai compris petit à petit que céder à ce mouvement c’est se transformer en un objet utilisable et naïf. Ça me fait mal de voir les générations de jeunes hommes aux bouclettes à qui on a fait croire que la virilité, l’audace, étaient des insultes. Ces jeunes wokistes qui à force de tolérance ne tolèrent plus aucune contradictions et se font cracher dessus par ceux-là même qu’ils croient défendre. Les hordes de crop-top sans soutifs qui n’ont plus rien de subversives et à qui on prétend apprendre à s’approprier leur corps en l’objectifiant, à un âge où tout le monde devrait jouer à Minecraft.

Je crois qu’on ne doit pas être aimé pour nos abdominaux saillants ou pour notre propension à offrir notre corps. Les efforts que ces clones fournissent pour le plaisir d’être désiré n’en valent vraiment pas la chandelle et bien vite, la jeunesse partit, ils pleureront les choses concrètes qu’ils n’ont pas su bâtir.

C’est donc un point essentiel à mes yeux que d’être entier de sorte à ce qu’on ne puisse m’aimer que pour ce que je suis vraiment, et quel plaisir que d’avoir trouvé des amis et des partenaires saines qui m’ont aimé pour mon esprit et non mon IMC.

Je crois ensuite qu’il faut refuser le toujours plus et savoir se contenter de ce qu’on a. Les milliardaires eux-mêmes font la course aux grattes-ciel et aux yachts. On voit très bien que mêmes les 0,0001% ne savent pas s’arrêter et veulent toujours plus. Pour nous les gueux, c’est une voiture un peu plus belle, un appart en centre ville, des vacances plus luxueuses à publier sur les réseaux. J’ai appris en discutant avec mes patients, certains clairement très pauvres, que le vrai bonheur se trouve réellement dans les choses simples et sincères. C’est une banalité connue et pourtant nous la nions tous à certains moments.

Pour finir une des choses que me rend le plus heureux maintenant c’est d’avoir su me dégager le plus de temps libre possible en me donnant les moyens d’avoir un métier qui me paiera décemment sans travailler 60 heures par semaine et en osant entreprendre.

C’est connu depuis la nuit des temps et je crois que ce texte est un de mes plus naïf mais pour être plus clair: j’enjoins quiconque lisant ce texte à assumer le plus possible qui il est en entier, même ses vices. À chercher un coin de tranquillité où avoir le temps de débrancher son téléphone et de ne rien faire d’autre de que de penser à soi même. À avoir énormément de reconnaissance pour la vie et la santé de nos proches qu’on sait éphémère. Passons du temps avec nos anciens et apprécions le luxe de la nature plutôt que de céder au piège du toujours plus.

Gratitude, temps libre, sincérité, originalité. C’est ma manière d’esquiver le suicide.

Nota bene: je ne peux m’empêcher de penser qu’en lisant tout ça, logiquement, soit vous trouverez ça trop banal, soit vos problèmes personnels et le contexte de chacun fait qu’on ne peut pas forcément appliquer ces préceptes millénaires. On sait tous plus ou moins comment être heureux mais ce n’est pas si facile à mettre en place. Cependant je me dis que si je continue à financer ce site suffisamment longtemps; il y a de grandes chances qu’il persiste après ma mort: alors ces écrits banaux pourront vraiment faire office de volontés post mortem qui jouissent de leur petit effet. On a plus tendance à écouter les morts. Je souhaite à tout ceux que j’aime de réussir à aimer les choses simples, passer un maximum de moments en famille et s’accorder le plus de temps possible pour réfléchir à eux-même. Que jamais ils ne puissent être utilisés ou convertis bêtement à des idéologies communes qui les rendent manipulables.

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