Cela fait un an et un jour que je n’avais pas écris.
La majorité des choses que j’avais écrites ici continues de refléter assez sincèrement qui je suis. Je considère toujours ce site comme un carnet numérique relatant mes évolutions. Alors à quoi bon écrire si rien ne change?
C’est le contexte qui change. J’écrivais il y a des années que je pensais être né au bon moment pour connaître le paroxysme et la chute du capitalisme. Ce pré-sentiment facile commence à se réaliser avec une grande violence en occident.
Ce que je n’étais pas assez lucide pour percevoir à l’époque c’est que même si le capitalisme s’effondre les rôles ne changeront pas. C’est un vice humain tout à fait naturel et immuable que de s’organiser en classes et de se conditionner à rester dans la sienne. Balayer les démons et il faudra moins d’une génération pour que de nouveaux prennent leur place. J’en suis ou serais un moi même à la faveur des circonstances.
J’aime à croire qu’une génération relativement épargnée par la violence économique, ce serait déjà ça de prit. Mais absolument toutes nos chances de passer le balais ont été sabotées à l’avance. Il me semble avoir lu quelque part que même notre grande fierté de 1789 n’a été que le renversement d’un maître par une oligarchie en tout points similaires. Alors si même nos grandes victoires ne sont que des leurres…
La dictature moderne aux gants de velours est maintenant bien installée. Je me demande sérieusement si je n’en préférerais pas une à la Russe ou à la Chinoise, bien sincère, qui sent la merde mais ne prétend pas le contraire. Puisqu’il faut des maîtres, j’aurais préféré qu’ils n’aiment pas se travestir.
C’est ahurissant de voir comment TikTok, Instagram, Facebook, Twitter ont réussi si vite à exploiter le potentiel incommensurable des algorithmes, et des vices humains, pour d’abord nous vendre des trucs, et maintenant nous vendre des idées.
Que je sois bien clair avec mes deux trois lecteurs* et le futur moi-même: j’observe ce massacre intellectuel mais ça ne m’empêche pas d’en être un fervent consommateur. Je ne me sens pas au dessus de la masse puisqu’il est à mon sens encore plus con de voir le mal et de ne pas réussir à s’en détacher.
C’est fou de constater que partout en occident les plus fortes entités politiques ne sont plus que des marionnettes aux relents de cocaïne qui excellent en communication. Macron est probablement par ailleurs l’étendard le moins discret de cette oligarchie qui n’essaye même plus vraiment de se cacher.
Peut-être qu’il y a 10, 20 ans, sans tous les outils de contrôle et de propagande numérique, il leur fallait faire attention à laisser le quidam croire un peu qu’il choisissait. Il fallait tolérer que la marionnette de gouvernance à usage unique pouvait avoir des sursauts d’intégrité ci et là.
Mais maintenant à quoi bon? L’immense majorité n’a ni le temps libre nécessaire ni le regard critique suffisant pour percevoir la mascarade. Et si par chance il vous reste un peu de temps ou d’intelligence pour sortir la tête de l’eau: à qui et comment comptez vous véhiculer le message? C’est trop tard. Les médias leurs appartiennent complétement, personne ne vous entendra. Les moyens de pression financière leurs appartiennent complétement, personne n’a les ressources pour oser faire vaciller le système. C’est d’une facilité déconcertante d’éliminer médiatiquement ou de décrédibiliser leurs ennemis, et les masses n’ont pas d’autre choix que de travailler tête baissées.
Cette année notre pays est à la 26ième position du classement RSF sur la liberté de la presse. C’est déjà pour le moins une place ridicule au regard de notre supposée grande histoire, émaillée de têtes tranchées, mais je doute sérieusement que 200 pays puissent êtres plus corrompus que nous. Il faut être aveugle pour ne pas sentir la complaisance immense que les journaux et les émissions les plus consommés ont envers les « puissants » (économiquement) à qui ils appartiennent.
Pour conclure ce texte bien trop long, et qui n’apporte pas grand chose de plus que mes précédents si ce n’est des détails;
Que des « élites » gouvernent, vivent dans l’opulence, soient corrompus: il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Et je crois que c’est un mal nécessaire à l’établissement de nos sociétés humaines. Nos gigantesques fourmilières vicieuses suivront toujours ce schéma peut importe l’étendard politique par ailleurs.
Ce n’est pas ça qui me rend amer. C’est qu’avant; les seigneurs n’avaient pas d’outils de domination aussi précis que ceux de nos jours pour connaître et influencer les paysans. Il fallait du pain et des jeux. Il fallait lâcher un peu de lest à nos cordes d’esclaves pour éviter les renversements et s’assurer du bon fonctionnement de la machine.
Désormais, notre fonctionnement mental est presque parfaitement, technologiquement, étudié et connu de sorte à ce que la corde puisse être la plus serrée possible. Là où il fallait du pain et des jeux, il faut maintenant des miettes et des TikTok. Il faut lire dans les mépris ostensible des maîtres et des marionnettes qu’ils n’ont plus peur.
Partout je vois des jeunes de mon âge qui au pire ne trouve pas quoi foutre de leur journée et au mieux se retrouvent dans des métiers sans intérêts réels en passe d’êtres automatisés.
La chute est là, c’est désormais une affaire de mois et elle frappera notre classe avant tout. J’espère naïvement un miracle pour que, n’ayant plus rien à perdre, nous arrivions à reconquérir au prix de quelques départs de feux et de quelques odeurs de chairs chaudes un peu de lest à nos prochaines cordes.
*(je vous aime)
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