Skip to content →

22/01/2024 deux autres

Je me rends toutes les semaines chez Don Paolo et son épouse, faisant parler mes mains pour tenter de taire un temps leurs maux. Tous les mardi, un café chaud m’attend et lorsque je m’occupe de Madame, Monsieur joue un morceau de piano. Un morceau chaque semaine différent, entraîné pour l’occasion. Lorsque la mélodie s’arrête, emportant avec elle le doux flottement de conscience qu’elle avait suscité; nous remercions l’artiste et jugeons tous ensembles de sa prestation en revenant doucement au monde réel.

L’épouse du Don supporte avec grâce et dignité depuis maintenant quelques années les affres d’une pathologie neurodégénérative répandue et incurable. Cette dernière l’empêche de réellement marcher et ne lui permet de parler que très peu. Ils règnent cependant ensembles sur le quatrième âge et sur la maladie en toute confiance. Ni les douleurs, ni cinq décennies de mariage n’ont eut raison de leur Amour. Paul fait parler sa femme à sa manière, il la fait sourire, sans faillir il la diverti chaque jour et nous apprend à tous que la vie est très loin de ne se résumer qu’au corps. Ils ont promit devant Dieu de se « rester fidèles dans la santé et dans la maladie » et semblent obéir à cette promesse sans la moindre hésitation.

Paul a toujours des idées et des initiatives pour briser l’ennuie. Il manie le verbe et l’humour avec aisance et j’entrevois une demi-heure par semaine un bout de leur quotidien agité et immobile à la fois.

J’avais envie d’écrire à propos du Don parce qu’il m’a marqué en cela qu’il ressemble à ce que je voudrais être. Il est capable d’abîmer son corps pour soulager, ne serait-ce qu’un peu, sa femme. Sans jamais attendre de ce sacrifice une grande reconnaissance et sans jamais s’en plaindre. Il donne son temps, son énergie, sa santé à une autre et je ne peux qu’imaginer l’Amour qu’ils ont vécu pour en arriver là.

Au premier abord, ce que ces gens traversent est frappant de difficulté mais ils s’adaptent avec une aisance presque dédaigneuse comme s’il s’agissait d’un simple tracas. Ils acceptent le pain du jour tel qu’il est, et trouvent la force et la créativité d’en faire un excellent sandwich.

Pour cette nouvelle année, Don Paolo, qui par ailleurs s’est lui même attribué ce titre à des fins d’amusement; m’a écrit une carte dans laquelle il mentionne le chemin que prend un bateau voguant en bonne direction. Mon cher, vous qui ne lirez jamais ceci, j’espère que cette carte fera prophétie et que j’aurais un jour le quart de vos compétences.

Published in Non classé

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.